Editorial
Le fleurissement d'un pissenlit le long du trottoir
PRO FRIBOURG est surtout connu pour défendre le patrimoine artistique et architectural; en tant que force d’opposition citoyenne, elle mène en particulier une activité de prévention contre des projets d’aménagement non respectueux de la culture du bâti de nos villes et villages. Toutefois, le patrimoine culturel et historique ne s’arrête pas à ces champs, et l’engagement de l’association s’étend également à la défense du patrimoine naturel et paysager, et donc de l’environnement, du patrimoine immatériel, ainsi que de diverses questions de société qui participent d’une manière ou d’une autre au bien-être de chacun.
Ce cahier fait la part belle à ces thématiques avec notamment, en entrée de cahier, un dossier sur les aménagements de jardin et leur impact sur la biodiversité, comprenant un recensement des pratiques, un entretien avec des acteurs de l’aménagement du territoire et un portfolio. Comme les humains que nous sommes, toutes les espèces que compte la planète ont besoin d’espace pour s’épanouir et réaliser correctement leurs cycles de vie. Actuellement, au niveau cantonal, les surfaces dédiées à la biodiversité représentent 8,4% du territoire fribourgeois, un chiffre largement inférieur aux 17% fixés dans la Convention sur la diversité biologique dont la Suisse est signataire et visés également par la Confédération dans la loi sur la protection de la nature (LPN). Remédier à ce mauvais score passe certes par des mesures sur l’ensemble du territoire cantonal, mais la marge d’action est également importante en milieu urbain. Quand la Ville de Fribourg s’entête dans des projets urbanistiques où la dénomination d’enrobé tente de nous faire avaler le goudron- nage comme une pilule (on pense à la réfection à venir de la place de la Gare), d’autres villes, comme Lausanne, qui prévoit la plantation de plus de 1300 arbres par année sur ses parcelles, Rennes et encore Lyon qui les plantent par milliers, maximisent la végétalisation des espaces et planifient la ville de manière à répondre véritablement aux enjeux de la biodiversité et du réchauffement climatique. Considérer la nature comme un pan à part entière de notre patrimoine historique et culturel est non seulement juste, mais aussi nécessaire pour repenser nos espaces de vie face aux défis environnementaux qui s’annoncent. Et chacun, à sa mesure, peut contribuer dans son jardin, sur son balcon ou dans l’espace public à la réhabilitation du végétal; au fleurissement d’un pissenlit le long du trottoir.
Anne-Catherine Gillis, Responsable des publications