Editorial
Regards croisés sur Jean-Baptiste Dupraz
Ma rencontre avec Jean-Baptiste en 1964 s'est inscrite en marge de mes études à l'Université de Fribourg et en relation directe avec les débuts de PRO FRIBOURG, mouve- ment pionnier de la sauvegarde du patrimoine architectural urbain en Suisse romande dont le fondateur et animateur d'un rare dynamisme, le Genevois Gérard Bourgarel, était à peine trentenaire, comme Jean-Baptiste. L'amitié alors initiée entre nous - j'entends Maria et Jean-Baptiste fraîchement mariés, d'une part, mes amies condisciples du séminaire d'histoire de l'art et moi, d'autre part - n'a cessé de se renforcer par la suite.
Les propos que nous échangions lors de soirées avant, pendant et après des repas auxquels les Dupraz conviaient des amis de différents milieux, touchaient à des domaines aussi divers que variés. Ces contacts me valurent une assise sociale à Fribourg qui jusque-là faisait totalement défaut à l'étudiant natif de La Chaux-de-Fonds. Ma bien modeste expérience de critique d'art auprès du quotidien de la métropole horlogère, L'impartial, et la connaissance de plusieurs peintres et sculpteurs neuchâtelois ne m'autorisaient guère à m'ériger en connaisseur auprès du milieu des artistes fribourgeois.
La seule légitimation des présentes lignes tient, outre une amitié fidèle au-delà de la mort, au plaisir d'inviter les membres de Pro Fribourg à savourer les textes réunis dans les pages suivantes de ce cahier. Marc Monteleone propose, en premier lieu, une approche de l'œuvre de Jean-Baptiste en passant de la technique à l'esthétique. Il évoque également le premier métier de l'artiste, verrier. Il compile enfin toutes les sources disponibles pour retracer le cours de la vie et de l'activité de Jean-Baptiste Dupraz. Jean-Robert Gisler, lui, n'hésite pas à recourir aux références savantes pour servir sa démonstration au demeurant convaincante des aspirations de l'artiste. Gabrielle Haymoz revient sur l'activité de res- taurateur d'art de Jean-Baptiste, qui a marqué de son expertise le patrimoine fribourgeois. En historien de l'art des plus fins et subtils, connaisseur en outre de la scène artistique fribourgeoise, Walter Tschopp nous donne une leçon de lecture qu'on retiendra, à travers textes et œuvres. Frédéric Wandelère fait part de ce que lui inspire sa sensibilité d'artiste dans les travaux de Jean-Baptiste sans négliger les allusions aux "autres". Pour finir joyeusement et en beauté, Fabienne Radi témoigne avec sa fraîche vivacité d'une jeunesse prometteuse.
Gaëtan Cassina historien de l'art, professeur honoraire de l'Université de Lausanne