Editorial
L'aménagement du territoire, l'éternel ajustement
La ville de Fribourg ne figure pas (encore) sur la liste des bons exemples du développement vers l'intérieur de L'Association suisse pour l'aménagement du territoire (EspaceSuisse). Notons que la commune de Corminboeuf y est recensée grâce à sa route du Centre, un projet pionnier mis en place il y a 20 ans face à l'augmentation du trafic des poids lourds. Elle reste aujourd'hui un atout pour la qualité de vie de cette localité.
Dès les années 70, comme le décrit Laurent Mauron dans son article, les associations militantes citoyennes, dont Pro Fribourg, manifestent pour la création de rues piétonnes en ville de Fribourg. Quelques succès plus tard, il est temps d'aller plus loin mais surtout plus vite. Si l'on veut réellement répondre aux défis d'une société en pleine mutation et faire face aux dérèglements climatiques, les concepts d'aménagements urbains, qui font suer nombreux conseillers communaux, ne doivent plus se contenter de mesures en lien avec les axes de circulation. L'importante hétérogénéité de la société, la suppression des îlots de chaleur, les nouvelles pratiques de mobilité douce, les fortes migrations pen- dulaires sont autant de points pour repenser rapidement nos espaces publics. La rue est un lieu d'échange social, de partage, de mixités culturelles et générationnelles. Elle devient un nouvel espace d'expériences réjouissantes favorisant la cohésion sociale. À ce titre elle se doit d'être accueillante pour former un lieu de vie à part entière qui sert également de vitrine à la ville. Robert Walker nous parle du quartier de Pérolles, de son évolution et de son futur. Les nouvelles constructions ont- elles bien intégré ces futurs enjeux?
Le défi de l'aménagement n'est pas l'apanage des villes. Les villages et localités de moyenne importance sont également tenus de prétendre à la même ambition. Les récentes démolitions de fermes en Gruyère ont motivé un entretien avec le chef du Service des biens culturels Stanislas Rück avec qui nous abordons le sujet de leur réaffectation et de leur place dans un paysage en transition. Quel chemin devons-nous prendre pour éviter les pôles urbains en campagne tout en conservant les volumes et façades de ces anciennes fermes, emblèmes de la campagne fribourgeoise? Chaque cas est unique, les normes ne répondront pas à la problématique. Il va falloir faire preuve d'audace et d'inventivité, mais par-dessus tout, cesser de vouloir uniquement cocher les cases du pragmatisme et de la cupidité.
Mélanie Rouiller, Responsable des publications