Symposium "Vers une culture du bâti"
La salle de l’Hôtel cantonal à Fribourg était comble jeudi soir pour écouter les divers acteurs de l’aménagement du territoire invités au Symposium organisé par Pro Fribourg. Face à la polémique de la « Suisse moche » et aux enjeux de l’acte architectural urbanistique qui transforme nos villes, villages et paysage, Pro Fribourg pour ses 60 ans, souhaite contribuer à l’implémentation de la Culture du bâti dans les diverses couches de prises de décisions qui touchent à l’aménagement du territoire. Le rejet par le Grand Conseil fribourgeois de la révision la Loi sur l’aménagement du territoire, qui aurait donné la compétence aux législatifs d’adopter les Plans d’aménagements locaux (comme cela se fait partout en Suisse sauf dans les cantons de Fribourg et Soleure) et la difficulté d’introduire la Culture du bâti dans les étapes des processus de mise à l’enquête, ont engendré plusieurs propositions.
Le débat, animé par l’historien de l’art et rédacteur en chef de la revue Tracés Marc Frochaux, était divisé en deux parties. La première tentait de répondre à la question : « Qu’est-ce qu’un projet de qualité ? », puis dans un deuxième temps, les intervenants s’exprimaient autour de la question « Comment parvenir à la qualité souhaitée ». Autour de la table, se trouvaient Marcia Haldemann, responsable de l’ISOS et cheffe adjointe à L’Office fédéral de la culture, Estelle Zermatten, Conseillère communale à Bulle en charge de l’urbanisme, bâtiments et infrastructures, Damien Piller, avocat et entrepreneur, Muriel Rey, co-présidente de la sia Fribourg et co-responsable de la filière d’architecture de la HES Frioburg, Jean-François Steiert, Conseiller d’État, directeur de la DIME, Stanislas Rück, chef du SBC, Jacques Dubey, doyen de la Faculté de droit de Fribourg, Thomas Urfer, architecte et membre du comité de Pro Fribourg, Jean-Luc Rime, architecte et président de Pro Fribourg, toutes et tous actrices et acteurs, spécialistes de l’aménagement du territoire.
Lors des échanges, les critères définissant la Culture du bâti issus de la déclaration de Davos - gouvernance, fonctionnalité, environnement, économie, diversité, contexte, esprit du lieu, beauté-, ont été analysés et des exemples concrets, comme par exemple celui de l’école de Vaulruz, ont été présentés. Il a été relevé que la Culture du bâti force à penser les projets non pas uniquement en termes de normes légales, mais sous plusieurs aspects, y compris social. Aujourd’hui, l’analyse segmentée des projets ne fonctionne pas aussi bien que souhaité et ne permet souvent pas d’accomplir des projets de qualité. Il a aussi été relevé que la culture du bâti doit permettre d’aboutir à donner une identité au lieu et pour y arriver, il faut, en premier, mettre en relation la topographie avec le site construit. Si tout cela en théorie peut paraître évident, il s’agirait ensuite de donner le cadre à l’administration, aux maîtres d’ouvrages, aux professionnels pour atteindre la qualité, sans alourdir les procédures.
L’idée de l’ajout d’une fiche « Culture du bâti » au PDCant, proposée par Pro Fribourg et le professeur Jacques Dubey, revêt un avantage procédural étant la ligne la plus directe entre la convention de Davos et les communes. Non pas une couche supplémentaire dans les règlements existants, mais une manière d’assurer les objectifs à chaque échelon concerné et de manière transversale.
A l’issue des discussions, le modérateur Marc Frochaux a donc sondé les intervenants sur les propositions principales issues des discussions :
Ils ont voté oui à la poursuite des discussions sur deux résolutions principales :
1. Qu’une fiche « culture du ba?ti » soit intégrée au Plan directeur cantonal. Il ne s’agit pas d’un outil législatif supplémentaire mais d’un instrument permettant d’assurer la coordination entre les différents acteurs de la culture du bâti.
2. Qu’une commission consultative « culture du bâti » soit instaurée par région, en soutien aux districts ou groupes de communes et qui conseille ces dernières.
Il est également ressorti :
Que le canton devrait mettre à disposition une cellule d’accompagnement pour les communes dans la mise en œuvre de processus de qualite? (concours, mandats d’étude parallèles ou autres).
Que les procédures profitent à impliquer et responsabiliser le public afin de mieux intégrer la population et les usagers aux enjeux de culture du bâti.
Qu’une démarche de qualité puisse donner droit à des simplifications administratives et/ou à des indices de construction plus élevés.
Qu’une clause d’exception culturelle puisse être intégrée pour pouvoir agir demanière différenciée selon le contexte envisagé.
Pro Fribourg annonce soutenir et vouloir donner une suite aux propositions concrètes énoncées lors de ce Symposium et continue de traiter la thématique et à en rendre compte de manière publique dans le cadre le plus approprié.